Édith avait décidé de profiter d'une journée moins chargée que d'habitude pour aller se ressourcer en solitaire près du lac : bientôt, les nombreux devoirs ainsi que des conditions climatiques moins douces l'en empêcherait. Elle ne s'était même pas donnée la peine de repasser par la salle commune, et portait donc toujours ses livres de cours. Cela ne la dérangeait pas particulièrement, bien qu'il puisse sembler étrange qu’une élève se balade hors des couloirs avec.

La jeune fille se posa contre un arbre, tout près du lac, afin d'admirer la vue. L'atmosphère, bien que douce, était baignée des rayons chaleureux du soleil, ce qui faisait scintiller le lac de mille éclats de lumière. Il était tellement magnifique vu comme ça ! Il lui arrivait même parfois de regretter la situation de la salle commune des Serpentards, juste en dessous du dit lac, qui ne lui permettait pas d'admirer le décor de carte postale dans lequel le château était logé. Mais bon, il fallait croire que ce privilège était réservé aux Griffondors ou aux Serdaigles.
Une brise un peu trop fraîche la rappela cependant vite à l'ordre, lui faisant regretter de n'avoir prit que sa robe de sorcier avant de sortir. Elle reprit rapidement ses livres qu'elle serra contre son coeur pour se protéger du vent et s’apprêta à retourner sur ses pas. Mais alors qu'elle jetait un rapide coup d'oeil vers le lac, une forme argentée, immatérielle, attira son regard. Était-ce un oiseau ? Un avion ? Non… Un renard ? Sa curiosité remporta sur l'appel de sa frilosité.

Avec autant d'agilité qu'il est possible de courir les bras encore encombrés de ses ouvrages et sa baguette dépassant de manière dangereuse de sa poche, elle se rendit sur les berges du lac afin de voir la créature de plus prêt. Un patronus ? Il était magnifique ! Mais qui pouvait être capable de lancer un sortilège aussi saisissant ? Elle trouva rapidement l'auteur du sort : une jeune femme d'apparence assez fine, aux longs cheveux noirs… Après un moment de vague-à-l'âme, elle réalisa qu'il s'agissait de la nouvelle professeure de Défense Contre les Forces du Mal, qu'elle avait déjà eu plusieurs fois en cours. Si les représentants de cette maison étaient souvent la risée des serpentards, elle ne pût qu'admirer l'élégance avec laquelle elle avait lancé un tel sort.
L'apprentie sorcière décida donc de s'approcher afin de voir le renard de plus près : mais sa baguette, qui pendait déjà depuis plusieurs minutes de manière alarmante hors de sa poche, choisi ce moment pour faire le grand saut. Et crac ! Trop occupée à regarder le renard, elle avait marché dessus sans son apercevoir ! Inquiétée par le bruit, elle posa ses livres en râlant et ramassa son bébé, qui n'avait malheureusement rien.

Et là, elle réalisa : l'enseignante avait probablement tout entendu. Allait-elle passer pour une espionne ? Bien que sa fierté lui semblé avoir effectué la même chute que sa baguette, elle lança un «Bonjour madame !» pas aussi assuré qu'elle ne l'aurait voulu.

Le sourire que lui avait adressée sa professeure l'aida à reprendre son assurance habituelle. Elle poursuivit :

- Serpentard, n'est-ce pas ? Laisse-moi deviner... Fawkes ! Edith Fawkes, c'est bien cela ? Ah oui, je me souviens bien de toi... Une bonne prononciation, mais ton poignet manque encore de la souplesse. Mais tu es sur la bonne voie, ne t'inquiète pas ! Mais dis-moi, tu n'as pas cours ? Ou tu voulais me parler de quelque chose en particulier ?

En entendant les remarques de Mrs. Brown, Édith approuva : son manque de souplesse était quelque chose qu'elle souhaitait ardemment corriger, car elle trouvait que cela donnait quelque chose de maladroit à des sorts qu'elle maîtrisait pourtant plus ou moins. Il lui semblait parfois que son perfectionnisme était sans limites.

- Et bien… J'avais fini les cours pour cette après-midi, répondit-elle. Du coup j'en ai profité pour aller faire un tour par ici, c'est plus calme que la salle commune et le cadre est plus agréable. Je n'avais rien de particulier à vous demander, mais j'ai vu votre Patronus de loin et ça m'a intrigué. Pardonnez-moi pour le dérangement, d'ailleurs, ajouta-t-elle en remarquant que le dit Patronus avait disparu depuis quelques instants déjà. Peut-être le dit sort avait-t-il disparu lorsqu'elle l'avait surprit l'enseignante ? Elle ne connaissait pas vraiment les détails d'un tel sortilège et ne pouvait donc pas répondre à sa question mentale.

- Le sort du Patronus intrigue souvent les élèves, Vous l'apprendrez en sixième ou septième année, me semble-t-il, Il demande beaucoup de rigueur mentalement, c'est un sort assez difficile et très complexe. Mais la meilleure qualité pour maîtriser ce sortilège est sans nul doute, la concentration.

Édith n'eût pas le temps de répondre que l'enseignante la regardait de nouveau, en lui annonçant que sa compagnie ne la dérangeait pas. Elle espérait : il aurait été gênant de déranger un professeur… Elle détestait passer pour une gêneuse. Mais Mrs Brown continua très vite les banalités.

- Dis moi, ta scolarité se passe bien ? Tu vas passer tes BUSES cette année, n'est-ce pas ?

- Pas trop mal, répondit-elle. Mais même si mes notes ne sont pas trop mauvaises, j'ai l'impression que je pourrais faire mieux, c'est fruuustrant ! Ajouta-t-elle en faisant légèrement la moue. Surtout en arithmancie, je l'ai prit en pensant que ce serait plus simple… Mais bon. Préparer ces examens doit être stressant pour les professeurs aussi, d'une certaine façon. La jeune fille clôtura son discours par un grand soupir comme elle seule en avait le secret. Ses camarades de Serpentard l'auraient sûrement traité de lèche-bottes et autres dénominations moins polies… Mais c'était une remarque qu'elle pensait sincèrement.

Cependant, au fur et à mesure qu'elle parlait, elle avait une impression bizarre… Comme si quelque chose clochait. Elle ne savait pas quoi… Peut-être était-ce la nervosité ? Si elle n'était pas nerveuse d'ordinaire, elle se dit qu'il fallait peut être un début à tout. Elle tâcha de conserver son impassibilité apparente habituelle et serra ses livres un peu plus fort.